Mahmud à 28 ans. Né en France de parents maghrébins, il a fait de brillantes études et possède même un studio à Paris intra-muros. Pas vraiment le style de maghrébin que les médias mainstream français souhaitent mettre en avant. Le sujet du jour le rend particulièrement bavard et je ne vais pas l'interrompre, ce qui va donner lieu à un long monologue que je vous retranscrit.
Je n’ai jamais éprouvé de difficultés à rencontrer des femmes dans la vie réelle, ni à établir de relations avec elles (amicales ou amoureuses). Elles me remarquent assez facilement, en raison de ma taille, de mon allure, ou de toute autre détail physique, aucune ne repart dégoûtée d’avoir conversé avec moi, ni décontenancée par mon abyssale bêtise; bref, vous l’aurez compris, toutes ces circonvolutions inhabituelles, c’est par pudeur, pour vous faire comprendre avec un semblant de retenue que, dans l’ensemble, je plais plutôt aux femmes.
Si les sites de rencontre avaient pour vocation de refléter la réalité, mon succès dans le réel (relatif, mais néanmoins avéré, et suffisamment récurrent pour échapper à la catégorie des coups de pot) devrait se traduire par quelque chose de similaire en ligne. Mais non. Par deux fois je me suis inscrit à des sites de rencontre: en 2005, pour les besoins d’un de mes premiers séminaires consacré aux rencontres en ligne (à l’époque, c’était Meetic ou rien), puis 10 ans plus tard, en 2015, par ennui et surtout par besoin de me recréer un cercle social dans une ville nouvelle (et un nouveau pays). Alors bien sûr, dans les deux cas, oui, j’y ai obtenu des rendez-vous « assez » rapidement; de qualité très variables, d’ailleurs, mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est que, par deux fois, j’ai eu l’impression que mon charme et ma singularité (dont je ne doute pas dans le réel, cf premier paragraphe) s’étaient dissous dans la mélasse d’une cohue d’inconnus au milieu desquels rien ne semblait plus me distinguer par le haut.
Pire, mes « scores Tinder » – puisqu’il faut appeler un chat, un chat – de matching avoisinaient ceux de profils globalement insipides; du genre qui, dans une situation sociale normale, longent les murs et rongent leur frein dans l’attente d’un micro événement qui leur permettrait de se faire un tantinet remarquer.
Expérience aussi vexante que déroutante qui me conduisit naturellement à confronter ces constats avec nombre d’amis masculins et de découvrir, horrifié, qu’ils semblaient tous échapper à ce mystérieux maléfice.
Dans les grandes lignes, à tous paramètres égaux et toutes variables bien considérées, le succès online de ces garçons approchait peu ou prou l’attrait réel qu’ils généraient dans la vie. Avec le petit coefficient d’arbitraire dû à la nature même du swipping (le choix de la première photo, notamment), mais rien d’affolant. Le paramètre que j’avais négligé, dans une surdose de naïveté somme toute pardonnable au vu de l’égalitarisme ambiant propagé par les néo-lyssenkistes (« les races n’existent pas »), c’est que mes sujets de comparaison étaient tous caucasiens blancs , avec des nuances de carnation allant du roux foncé au châtain clair. Changement d’échantillon et renversement de l’échiquier: en me comparant à d’autres barbares** principalement noirs et métissés de toutes composantes arabo-africaines, mes résultats rentraient immédiatement dans leur norme. Une norme étonnamment homogène des basanés dépourvus d’argument-massue, c’est à dire ni stars du football, ni basketteurs américains, ni disc-jockeys (j’y reviens), ni maître Gims. Evidemment, dans le lot, s’appliquait toujours une petite hiérarchie, notamment basée sur les attitudes physiques (niveau de défiance-agressivité), l’apprêtement (barbe, coupe de cheveux) et les indices périphériques (annonce, niveau d’études et lieu de vie notamment), mais un constat s’impose: sur des sites et applications de rencontre où s’applique une forte pression sélective*** comme – n’ayons pas peur de les nommer – Tinder et Happn… A) … il est plus facile d’être une femme qu’un homme et celles qui en douteraient sont avisées de tout arrêter immédiatement et de regarder l’expérience suivante 2) … il est plus facile d’être un petit caucasien moyen qu’un noir, même plus grand et plus stylé Si quelqu’un me cherche des noises scientifiques sur la définition d’un blanc, sous prétexte que ça « n’existerait pas », je précise: un blanc européen est un individu appartenant aux haplogroupes déterminés par l’ADN-Y suivant: I, N, R1a, R1b, etc. Pareil, pour la frange de gauche droit-de-l’hommiste qui errerait toujours sur une ligne « les noirs n’existent pas »: un noir, ça existe, et son ADN-Y c’est A, B, etc. 3) … il est plus facile d’être noir que maghrébin ou assimilé (à condition de trouver son style et de bannir la quasi intégralité des codes du street-wear, exception faite de certaines « baskets » à la mode)
Un dernier constat aussi délicat à formuler que douloureux à encaisser, l’idée de passer en dernier sur la chaîne alimentaire faisant partie des pires humiliations pour des hommes en moyenne dotés de niveaux de testostérone supérieurs à la moyenne, mais dont une rapide recherche de témoignages sur Google, sous couvert d’anonymat, semble accréditer la véracité épistémologique. Témoignages reproduits tels quels, fautes d’ortographe et de syntaxe toutes d’origine, source du lien ici: « Je ne souhaite ABSOLUMENT pas me marier à un arabe car j’en suis tout simplement dégoutée. Je ne supporte absolument plus les hommes maghrébins, j’ai constaté qu’ils étaient tous machos, violents, autoritaires, complexés à outrance, mal intégrés pour la plupart, totalement en décalage avec l’époque dans laquelle nous vivons . » (…) « Je suis eccoeurer par ces maghrebins qui sont restés des hommes de cros magnons, des mecs frustrés parce qu’ils ne peuvent pas avoir de jolies femme maghrebines et qui les salissent a cause de ca en leur faisant des reputations et qui quand ils se marient a des femmes d’ailleurs ou du bled leur font la misère comme si leur vie misèrable etait de leur faute ! » Je sais que c’est à cet instant précis que l’on m’accusera de ranimer le triste concept du binôme barbare / civilisé, de faire revivre au lecteur les heures les plus sombres de notre histoire, voire d’importer le conflit de civilisations (« une civilisation, ça naît, ça existe, puis ça meurt », je cite peu ou prou Michel Onfray, jamais aussi brillant que depuis son bouquin sur Freud où il s’est pris sur le coin du nez le déferlement de haine d’une autre communauté), alors je vais affiner. Ca n’empêchera pas qui veut de s’énerver, mais au moins, j’aurais fait le boulot: si la française de souche, dans son immense majorité statistique, sanctionne les maghrébins et les africains dans ses choix masculins, elle s’y sent d’autant plus légitime que les mêmes africains et maghrébins font de même entre eux. La vision ethnocentrée du petit français de souche le pousse à voir l’Afrique comme un bloc monolithique (doté d’intentions plus ou moins louables, c’est selon la paire de lunettes qui regarde, c’est à dire en dernière instance selon ses convictions politiques et sociales), ce qui occulte totalement les préjugés et les interdits ethnico-raciaux internes à ce continent grand comme toutes les autres grandes puissances cumulées (hors la Russie). En élargissant un peu la focale, ça donne le constat suivant: globalement, plus une communauté se plaint du racisme à son égard, plus il est probable qu’elle se montre suprématiste raciale envers ce qui n’est pas elle. Un exemple parmi d’autres, L’Obs, « T’es Arabe et tu sors avec une noire: t’as pété les plombs« , article du 22 septembre 2011: « Je ne veux surtout pas dire que le racisme entre Arabes et Noirs est systématique. C’est absolument faux. Je dis juste que Sadio et moi, nous avons des familles très communautaristes et que notre cas n’est pas unique. » (…) « Si papa et maman savent que tu vois un Rebeu, ils vont te tuer. » (…) « Les Arabes et les Noirs vivent ensemble dans les blocs, s’apprécient. Mais la limite, c’est l’amitié. Un mariage, c’est niet. Chacun à sa place. » « Sale traître, on se fout de tes états d’âme, as-tu des preuves de ce que tu avances? » (J’anticipe les critiques) Oui. Aux Etats-Unis, une société dont on conviendra qu’elle anticipe toujours, avec une justesse remarquable, ce qui nous arrive une décennie plus tard. Ou désormais plus vite. Il y a 7 ans:
Une tendance de fond puisque, l’année dernière encore, les femmes de toutes races (sauf noires) appliquaient aux hommes noirs une pénalité dans les notes en ligne allant de -4 à -14%, tandis que les notes des blancs, toujours de la part des mêmes femmes de toutes races, surpassaient la moyenne dans une proportion allant jusqu’à +17%.
En clair, si je « like » une jolie blonde aux états-unis à partir de mon profil internet, je pars d’emblée avec une « pénalité » de 35% (16+19) de chances de rencontre en moins par rapport à mon homologue visage pâle. Et ça, ça fait quand même un peu mal au cul.
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